Depuis quelques temps, le domaine du tricot et du crochet gagne en popularité. Les gens sont inspirés et beaucoup prennent leur courage à deux mains pour se lancer dans le design, la tête pleine d’idées et le coeur plein d’espoir.
Il y a des succès, des coups d’épée dans l’eau, des feux de pailles et toutes les variations possibles entre les deux. Pour plein de raisons différentes et pas seulement à cause du talent de la personne qui se lance en affaire.

Quand j’ai mis mon orteil à l’eau en 2014, la mode n’était pas au design… c’était les tuques rigolotes très fortement inspirées par des personnages connus. J’ai essayé, mais mon dieu que je trouvais ça pénible au bout du compte! On était 14000 naïves en quête du monde de la fibre, j’étais maladroite pour essayer de me faire une place et TRÈS rapidement je me suis complètement tannée de faire des mausus de tuque.
Ça augurait mal pour La rose du rang.
Mais quand je suis tombée dans l’univers du design, j’ai vraiment eu la piqûre. Je pouvais faire ce que je voulais, comme je le voulais! Je mets quelques heures (hahahaha) sur un patron que je peux vendre pour toujours, un million de fois (HAHAHAHHAHAHAHA!) pour 5$!!
Ouais… non.
Écrire un patron, ce n’est PAS long, mais écrire un BON patron l’est beaucoup plus. Le petit patron de 2-6 pages que vous payez entre 6 et 10$, je vous assure que j’ai passé plusieurs semaines à le travailler. Il y a les tests, puis la révision, les photos… c’est long, c’est du temps, mon temps. J’ose même pas calculer combien ça me paie de l’heure…
Et ensuite ce petit bébé la je le prends et je le garoche dans une immense mer de possibilités pour les tricoteuses et crocheteuses. Est-ce que leur regard va ne serait-ce que ralentir sur MON patron? Donc par-dessus le temps de conception et de rédaction, on doit ajouter du temps pour le… marketing. Ouan.

Le marketing, la pub et la vente en générale ne font vraiment pas partie de mes forces. Je suis toujours mal à l’aise de vanter mes produits, je suis gênée de demander un prix juste pour mon travail et j’ai de la misère à me considérer comme une « vraie » entrepreneure.
Ajoutons à ça la culture du « Mais t’aimes ça, c’est pas vraiment un travail! » et des « Ouais, mais tu pourrais au moins demander 20$ pour ça! » sans oublier le populaire « Si tu m’en fais un gratis je vais te faire plein plein de publicités pis tu vas devenir riche! ».
Ça ce ne sont pas des éléments clés pour la réussite professionnelle! Alors comment on fait pour avoir du succès? Je n’ai pas de réponse pour vous, mais j’aimerais vous retourner une autre question…
Comment on mesure le succès?
Est-ce que c’est en nombre de fans Facebook/Instagram? Est-ce que c’est en nombre de ventes? Est-ce qu’une entreprise a du succès seulement dans la mesure ou on frôle les 6 chiffres par année?
Pour ma part, j’ai du plaisir à faire mon travail et je rencontre grâce à lui plein de merveilleuses personnes. Je suis maître chez moi, comme on dit, ce qui me donne la chance d’être présente pour mes enfants et de profiter de ma petite famille. Ceci-dit, j’ai de la chance d’avoir le support de mon petit mari dans cette aventure, parce que pour l’heure c’est loin d’être la vente de patrons qui paie la maison!
Bref, à mon sens ma petite compagnie EST un succès parce que j’aime ce que je fais, mes clients aiment ce que je fais et ils en redemandent! Alors je vais continuer d’améliorer mes façons de faire pour offrir toujours de meilleurs produits, tout en respectant mon rythme et la personne que je suis… après tout La rose du rang c’est moi, et ça c’est quelque chose qui gagne à être conservé au centre de l’aventure.
