J’ai déjà parlé à quelques reprises du fait que l’aquarelle avait fait son entrée dans ma vie pour me servir d’escapade créative. Parce qu’il y a quelques années, mon escapade créative était le tricot, puis le crochet… et que malheureusement l’effet secondaire principale de transformer son art en entreprise est la disparition de tout l’aspect « escapade ».

C’est d’ailleurs ce qui a vu naître ma série de projets fan art ainsi que le projet « Notre Univers au crochet »; le besoin de retrouver le côté créatif de mon art au travers de la pression d’écrire le prochain patron viral qui me permettrait de payer mon hypothèque.
HA!
Mais la pression de présenter quelque chose demeure… et ce n’est pas une mauvaise pression, c’est quand même agréable de vous présenter ces projets et de discuter avec ceux qui se sentent interpellés! Mais le côté « utile », « rentable »… « contenu » de ces projets fait en sorte qu’encore là, je ne peux plus vraiment m’échapper. Je ne suis pas Karine qui crochète/tricote… je suis La rose du rang.
Avec l’aquarelle, je ne suis que Karine qui joue dans l’eau. Mais c’est difficile d’être juste Karine qui peinture et pas La rose du rang se lance dans l’aquarelle… parce que si ce n’est pas « rentable », ce n’est donc pas « utile »…

De l’art utile… C’est le piège dans lequel on peut facilement tombé quand on décide de transformer son art en entreprise. Toutes les mailles tricotées doivent mener quelque part, les marges d’erreurs sont faibles et on fait souvent l’erreur de ne pas compter le temps qu’on y consacre.
Puis si le succès viral tant attendu se fait attendre, les sentiments deviennent plus lourd. Après-tout tu travaille toute la journée pour peu/pas de revenu stable et tu vois tout le reste des tâches que tu devrais faire à la place d’être occupée à gérer tes médias sociaux pour essayer de rejoindre ta clientèle… pour générer le peu/pas de revenu qui justifie ton existence et alimenter l’Internet en contenu intéressant pour fidéliser la dite clientèle et en rejoindre toujours plus.
C’est essoufflant non? Dans un contexte d’entreprise qui dépend de la créativité de l’artiste pour fleurir, prendre soin de l’artiste devient souvent secondaire au besoin de création de produit et de contenus. Le problème c’est que c’est exactement comme ça qu’on éteint l’artiste!
Alors moi, pour prendre soin de la mini artiste qui alimente La rose du rang, je me perds dans mes couleurs quelques heures par semaine… même si ça ne sert à rien d’autre qu’à me faire respirer!
Toi, ton art utile… c’est quoi?
